L’entrepreneuriat : Génétique ou Contagieux ?

Génétique2

Je me suis posé cette question dernièrement. Est-ce que nous devenons entrepreneurs parce que nous avons ça dans le sang ou est-ce qu’on nous en a transmis le goût ? Je vais essayer de répondre à cette question en faisant un tour rapide de mon parcours. Débutons avec le côté génétique.  

Du côté paternel, du plus loin que je puisse remonter sans faire de recherche profonde dans mon arbre généalogique, il y a mon grand-père, Raymond Laroche, qui avait son entreprise dans le domaine de la plomberie avec son frère aîné Magella. Bien qu’il pensait que c’était sa compagnie, il n’était pas incorporé, alors le vrai terme serait de dire qu’il avait son entreprise: Laroche & Laroche Enrg. La plomberie, c’est un excellent domaine et sera toujours un domaine d’avenir. C’est un des plus beaux modèles d’affaires parce que tout le monde risque un jour, si ce n’est pas déjà fait, de laisser aller un trop gros morceau, de réaliser l’impasse et de devoir appeler en urgence un plombier. Surtout en appartement quand il n’y a qu’une seule salle de bain pour 3 ou 4 colocs.

Mon grand-père a eu 6 enfants, 5 gars et une fille. J’ai donc, 4 oncles et une tante. Sur ces 4 oncles, l’aîné est présentement propriétaire de la très populaire et reconnue Galerie d’art Yves Laroche, qui se définie comme une alternative dans le monde de l’art contemporain. Son parcours est très intéressant. Un entrepreneur arrive rarement à son apogée sans s’être un peu cherché à travers d’étranges expériences. Dans son cas, Yves Laroche a débuté comme restaurateur dans le Vieux Québec, mais la plus drôle des anecdotes est quand il a créé une panique générale dans un centre commercial avec les poissons piranhas de son nouveau Pet-Shop. Je vous assure que me lire sera 10 fois moins drôle que quand il me la raconte. On dit de mes oncles qu’ils ont un certain talent de conteur et dès qu’ils ouvrent la bouche, on ne peut que rester accroché à leurs histoires « légèrement modifiées ». Ils savent mettre la chaire autour de l’os ! Je vais faire de mon mieux et l’histoire commence ainsi.

À un certain moment de sa vie, Yves était agent d’immeuble. Il avait dit à son client : « Si je n’arrive pas à vendre ton local, je l’achète avec toi et on sera associés. » Finalement, il devait arriver ce qui arriva et Yves a dû tenir sa promesse pour devenir associé d’un Pet-Shop. Son inexpérience dans ce domaine a rapidement permis de diviser les tâches des associés dans l’entreprise. Mon oncle n’allait pas s’occuper des animaux, mais plutôt de tout ce qui entourerait la vente et le relationnel avec les clients. Croyez-moi, il s’y connait plutôt bien en vente ! Par contre, en événementiel, il avait peut-être été trop loin. Un jour c’était l’inauguration du grand centre d’achat. Voulant profiter de la manne de gens qui allaient être présent, il décide de placer son grand aquarium devant sa grande vitrine pour attirer le regard des futurs clients. Plusieurs familles s’étaient attroupées devant le commerce probablement à la demande de leurs enfants pour voir tous ces beaux poissons.

Pirahnas

Mon oncle, avec son peu de connaissance dans ce domaine, avait mélangé 8 espèces différentes de poissons, sans trop se préoccuper de leur compatibilité entre elles. Les poissons ont décidé de laisser tomber les présentations et ceux qui se rappellent des combats de lutte de la WWF, c’était une sorte de Royal Rumblesoit un combat où le gagnant est le dernier encore debout dans l’arène. C’était un carnage dans l’aquarium. Et un carnage vous dîtes ? Le genre de scène pour les 13 ans et plus et vraiment idéale pour les jeunes enfants qui tenaient la main de leur mère. Le gagnant de ce Royal Rumble était un piranha. Il avait déchiqueté en morceaux ses adversaires, laissant remonter tranquillement à la surface de l’eau quelques têtes et quelques bouts de queues probablement moins délicieuses. Il y avait du sang partout dans l’eau. Les enfants criaient et pleuraient. L’opération de charme pour attirer des nouveaux clients n’avait pas été le succès espéré.

Un autre jour, une cliente avait un oiseau sur son épaule. Un oiseau très mignon et surement d’une certaine rareté. La cliente parlait avec l’associé de mon oncle dans le Pet-Shop, quand mon oncle décide de s’intéresser au petit volatile. Durant leur conversation, Yves décide de jouer un peu en donnant des petits coups de doigts sur le bec de l’oiseau. Quand soudainement, croyez-le ou non, le bec est tombé par terre. Pwouaaaaaa, vous imaginez une tête d’oiseau avec pu de bec ! Je suis certain qu’il avait déjà pensé le recoller avec de la colle discrètement et faire son opération discrètement sur l’épaule de la cliente, mais heureusement pour lui, ça n’a pas pu se rendre jusque-là et la cliente a vu son oiseau rare avec pu de bec. Il était sous le choc, en larmes et criait dans le Pet-Shop. Bref, que de mauvaises expériences et ce fut une courte étape de son parcours entrepreneurial.

oiseau sans bec

Source de l’image : Karianne qui fais des BD magiques et pleines d’amour. 

Yves a eu sa maison d’édition. Il s’est lancé dans la vente d’œuvre d’art. Il possède les droits d’auteur du célèbre artiste Jean-Paul Lemieux et est aujourd’hui propriétaire de la galerie d’art Yves Laroche sur la rue St-Laurent à Montréal.

Mon oncle Richard est le frère suivant Yves, il aurait certainement quelques histoires tordantes à raconter lui aussi, mais restons concentré sur le sujet de l’article. Richard est propriétaire lui aussi d’une galerie d’art. La galerie Laroche, Denis sur la rue du Petit-Champlain dans le Vieux-Québec.

Si on se fie à la définition de l’entrepreneuriat qui se traduit entre autre par prendre des risques et voir des solutions là où les autres voient des problèmes, on pourrait alors parler d’un autre oncle qui a fait une certaine démonstration d’entrepreneuriat. Le seul problème avec son idée était que la GRC en voyait un problème et trouvait que ça allait à l’encontre de certaines lois. N’empêche, que le tout se gérait comme une entreprise et on doit admettre un certain niveau d’entrepreneurship dans ses opérations. Comme vous pouvez vous en douter, « l’entreprise » a dû cesser ses activités après un certain temps.

Ce qui nous amène par la suite au dernier enfant de mon grand-père, soit le cadet de la famille, mon père Marc. Son père lui recommandait de venir travailler avec lui comme plombier pour ne pas devenir ce qu’il appelait : un chômeur instruit.

Finalement, mon père pris le risque de devenir un chômeur instruit et a fait une technique en évaluation. Il devait manquer de challenge et juste avant la fin de sa technique, ma mère et lui m’ont fait ! Mes parents m’ont donc eu à 17 ans, ce qui complique la poursuite des études. La jeune famille de Québec déménage à Montréal. Pendant que mon père travaillait le jour à temps plein, il faisait son BAC à l’UQAM. Ensuite, il s’est fait embaucher par la firme Roy, Sanche, Gold & Associés, une firme très réputée dans le domaine de l’évaluation immobilière à Montréal. Quelques temps après en 1995, il a rejoint le rang des associés de la firme. Finalement, en juin 2006, les associés ont vendu la firme à un concurrent reconnu à l’international, le Groupe Altus.

Étonnamment et avec un peu de recul, je constate qu’en juin 2006, mon associé et moi venions tout juste de créer notre nouvelle entreprise Cartouches Certifiées. Plus précisément, si je me fie au registraire des entreprises du Qc, c’était le 10 avril 2006 que nous avions réservé notre nom d’affaires. Peut-être que les « discussions confidentielles », sur l’avancement des négociations de l’éventuelle transaction de vente à Groupe Altus, que j’avais avec mon père le soir en jouant à Baseball Stars au Nintendo m’avait donné la piqûre finalement. Vous avez bien compris, il n’y a pas d’erreur dans la chronologie des événements et en 2006, même si la PlayStation 2 était sortie, nous on aimait mieux le jeu de Baseball Stars au vieux Nintendo, un classique pour les puristes du vrai baseball, qu’on a découvert quand j’étais en 3e année ! Voici même un petit vidéo souvenir pour les plus nostalgiques:

Finalement, quand l’opportunité de vendre des cartouches d’encre s’est présentée à moi, j’ai rapidement sauté dessus. J’avais peut-être une prédisposition génétique, mais il y a aussi eu un peu de contagion. En effet, du côté maternel, mes grands-parents ont eu 4 filles. Mon grand-père était propriétaire du magasin de sport de véhicules motorisés très connu dans le temps à Québec : Jourdain Sport. Parmi leur 4 filles, l’une d’elle s’est établie en Floride pour ouvrir un commerce de crème-glacée. Comme elle était en Floride, je l’ai vue moins souvent. Un jour où elle vient nous visiter chez ma mère, elle nous présente son mari que je n’avais jamais vu, Pierre Martin. Un type qui pose bien des questions et qui m’a contagionné de son entrepreneuriat. Voici pourquoi. J’étais en secondaire 4 quand j’avais appelé ma mère pour venir me chercher à l’école après mon entrainement de badminton. Comme j’habitais à 2km et qu’il pleuvait c’était long pour revenir à la marche. Je ne me rappelle plus trop si Pierre était venu me chercher avec ma mère à l’école, mais quand il m’a vu avec mon skateboard dans les mains, il m’a dit : « Mais pourquoi tu as appelé ta mère, tu aurais pu venir en skate ? ». Je lui ai dit que quand il pleut c’est trop glissant et qu’on ne peut pas vraiment rouler avec un skate.

Il me répond : « Mais pourquoi tu ne fais pas des roues qui permettent de rouler quand c’est mouillé par terre ? »

Je lui dis que de toute façon ce n’est pas vraiment bon pour les bearings !

Il me revient avec : « Mais pourquoi tu ne prends pas des bearings qui sont étanches à l’eau ? ».

Je lui dis que de toute façon, ce n’est pas vraiment bon pour le grip à la surface du skate, car il risque de décoller. »

Il me répond : « Mais pourquoi tu ne fais pas un grip qui résisterait à l’eau ? »

Mais voyons, c’est quoi son problème à lui, je le connais depuis 5 minutes à peine et il est en train de me dire que j’ai juste à faire une compagnie de roues, une autre de bearings et finalement une autre encore pour des grips. À part Elon Musk aujourd’hui, je ne connais personne qui gère bien 3 entreprises. Fort de mon expérience mature de jeune ado de 15 ans, j’avais classé Pierre dans la catégorie des grands rêveurs petits faiseurs.

Jusqu’à ce qu’après le souper, je sois incapable de résoudre un problème de mathématique. Ma mère, pleine de bonne volonté, ne pouvait malheureusement pas m’aider depuis quelques années en maths. Normalement j’appelais mon père et c’est là que Pierre demande s’il peut lire la question. OK, lui-dis-je ! « Mais je suis en Maths 536 ». Je devais penser encore, fort de mes 15 ans de maturité, que quand on devient un adulte, on reset notre disque dur pour effacer nos règles d’algèbre.

Finalement il trouve la bonne réponse et il me l’explique très bien. C’est là que j’ai commencé à avoir un doute sur lui. Hum… il ne doit pas être un si petit faiseur finalement.

Quelques temps plus tard, je le revois à Noël. Je lui explique que je me suis au Cégep en technique de construction aéronautique. Un terme à se péter les bretelles quand on est ado pré-pubère. Il me dit que s’il avait à refaire son parcours académique, il ferait un DEP en plomberie. Haaaa, il me gosse lui !

Il m’explique que c’est le meilleur modèle d’affaire. Sa femme, ma tante, l’avait appelé au travail parce que la toilette était vraiment trop bloquée. Il lui a dit : « Qu’est-cé tu veux que je fasse ! Appelle un plombier. » En revenant à leur maison, il regarde la facture. 200$ pour débloquer une toilette en 5 minutes ! (Frais de déplacement + frais d’appel d’urgence + taux horaire = 200$.)

Plombier, c’est un peu chiant, mais c’est un excellent modèle d’affaire qu’il me dit. Tu fais ton cours d’un an. Tu achètes un premier camion. Quand tu as assez de clients, tu embauches un employé, puis un 2e et un 3e. Finalement, tu n’as plus besoin de débloquer des toilettes et tu gères l’entreprise d’un bureau.

C’est moi ou est-ce que tout a l’air si simple et si facile avec lui ? En tout cas, ça l’air tout à fait possible et c’est ça que je voulais montrer quand je parlais de l’aspect contagieux. Pierre avait son entreprise en immobilier et je crois que le jour où tu as ton entreprise, tu deviens automatiquement un ambassadeur de l’entrepreneuriat. Merci de m’avoir contagionné Pierre !

Enfin, au nom de la majorité des entrepreneurs, excusez-nous d’avance de toujours vouloir trouver des solutions à tout et de toujours revenir à la maison avec une nouvelle idée ou un nouveau filon à exploiter. Vous êtes tous des grands rêveurs petits faiseurs et il suffit seulement qu’une de ses idées voit le jour pour qu’une nouvelle aventure commence. L’entrepreneuriat c’est pas juste génétique, c’est aussi contagieux et je vous souhaite d’attraper ce virus.

 

Matthieu Laroche
Président et Cofondateur de Cartouches Certifiées

 

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