Aujourd’hui c’est un jour spécial. En fait, c’était hier la journée spéciale, mais c’est aujourd’hui que je le réalise vraiment. Il y a un an jour pour jour, je mettais les pieds dans ma nouvelle compagnie, laquelle je venais de racheter les parts de mon associé. Je passais de 50% actionnaire de Cartouches Certifiées à l’unique propriétaire. Bon sang qu’il s’en est passé des choses dans ces 365 derniers jours et faisons un petit résumé de cette nouvelle aventure dans laquelle je me demande parfois si j’ai fait le bon choix.
En effet, je me sens épuisé mentalement et physiquement. Je ne dors presque plus. Je n’ai plus la même envie de surmonter ces nouveaux défis que vous allez lire ci-dessous. Je me demande parfois si les employés veulent autant que moi atteindre nos objectifs. Je ne suis pas un surhomme et je dois montrer que tout va bien pour ne pas inquiéter les employés. Mais je ne peux pas montrer quand ça va trop bien pour ne pas que les employés sentent qu’ils n’ont pas leur part du gâteau. Dans tous les cas, je suis piégé et je ne sais pas quoi faire. Être un entrepreneur, ça veut dire reconnaître son équipe pour leurs bons coups et prendre le blâme pour chaque erreur. À quel moment c’est écrit dans la définition d’un entrepreneur qu’on ne peut pas avoir de reconnaissance pour ce qu’on fait, comme nos implications sociales? Nos implications environnementales ou encore pour créer 80 emplois et permettre à potentiellement 80 familles de vivre. J’ai souvent envie de tout lâcher et de lancer la serviette. Vous comprendrez mieux pourquoi en repassant les 12 derniers mois que j’ai vécus.
31 mars 2017
C’est le jour de la clôture de la transaction qui a changé le cours de nos vies, autant à moi qu’à mon associé. Pour la première fois de nos vies, l’un est sans soucis financier et l’autre est drôlement endetté. Même si on inversait les rôles, on en serait à nos premières fois.
Avril 2017
Un nuage sombre vogue sur l’entreprise alors que nous sommes en pleine accréditation syndicale. Je suis à risque de me retrouver avec un nouveau partenaire. Celui-ci, je suis loin de l’avoir choisi et il est loin de faire partie de ma nouvelle vision. J’ai rapidement appris comment allait se passer la suite et c’est par un vote à la mi-avril que les employés (excluant les employés administratifs) allaient décider par un vote du sort qu’ils voulaient donner à l’entreprise par rapport à ma nouvelle vision, Le vote touchait près de 40 Cartoucheux et 2 semaines après leur avoir annoncé que je devenais l’unique propriétaire, ils ont décidé de me faire confiance et à très forte majorité, ils ont voté contre la syndicalisation. C’était ma première victoire dans ma nouvelle aventure et je pourrais dire que j’en étais très fier. Par contre, lorsque j’ai annoncé le verdict final à tous les Cartoucheux, ils ont tous applaudi, alors j’aimerais rajuster le tire en mentionnant que toute l’entreprise était fière du résultat.
Je débute ma nouvelle formation au programme élite de l’École d’Entrepreneurship de Beauce. Je suis dans la 14e cohorte. On nous appelle la C14 et tous les 2 mois, j’irai passer 5 jours en Beauce pour tenter de devenir un meilleur entrepreneur ou une meilleure personne.
Mai 2017
Nous pouvons nous concentrer sur le vrai travail et il est réellement temps de trouver le consultant qui va nous aider à faire le bon choix entre notre fournisseur de ERP et les différents besoins de nos Cartoucheux. La date du Go-Live est prévu pour notre changement d’année fiscale, soit le 1er juillet. Ça nous laisse 2 mois. Je peux vous l’entendre dire : « Tabarnak, ils sont fous! ». Je préfère dire audacieux, cowboy…mais nous n’avions pas le choix, car je ne voulais pas attendre au 1er juillet de l’année suivante vu le mauvais fonctionnement de l’ancien système.
Juin 2017
Les Cartoucheux n’ont pu avoir qu’une très courte formation sur le fonctionnement du nouveau ERP sur la plate-forme Odoo, que nous avons affectueusement nommé : Agora. Pour nous aider dans ce projet, nous avons fait venir la chargée de projet de notre fournisseur en Inde; elle s’appelle Sofia et viendra vivre à Montréal durant 3 mois. Elle est avec nous le jour et un peu avec les camarades indiens le soir et la nuit vu le décalage horaire avec l’Inde. Finalement, elle travaillera presque tout le temps.
Nous sommes chanceux, car le 1er juillet tombait une fin de semaine, donc le férié de la fête nationale est reporté au lundi. Nous avons 3 jours devant nous pour tirer la plug sur Simple-Comptable (SAGE 50) et brancher Agora (Odoo). Le défi touchait surtout le transfert d’inventaire dans lequel nous avions décidé de changer la nomenclature question d’avoir un plus gros défi.
Juillet 2017
Il est samedi le 1er juillet, nous devons faire un inventaire de nos milliers de produits. J’avais acheté 350$ de nourritures : fruits, pâtés, quiches, saumon fumé, yogourt, pain, jus, etc…bref tout le nécessaire pour ne pas avoir à sortir des bureaux jusqu’à ce que le 4 juillet, tous les Cartoucheux rentrent travailler sur notre nouvelle plate-forme. Si c’était à refaire, je ne le referais pas, du moins pas de cette façon. C’était trop intense et il y avait trop d’enjeux. Sans trop entrer dans les détails, nous n’avons pas été assez sur la coche avec notre gestion d’inventaire et nos opérations, ce qui a occasionné une suspension de notre compte Amazon. Nous vendions pour environ 70 000$/mois sur Amazon au Canada et aux États-Unis. Ouch!
Sur une note plus relationnelle, j’ai annoncé notre nouvelle vision. Devenir l’Entreprise du Bonheur. Avec un « E » et un « B » majuscule, parce que ce n’est pas une chaîne de caractère choisi au hasard. Ça va devenir notre marque de commerce. Je dois avouer que ça n’a pas donné l’effet que j’aurais voulu. J’imagine que c’est trop avant-gardiste, mais je me dis qu’il faut viser haut et qu’au pire on est « l’Entreprise où on aime travailler. »
Août 2017
Finalement, avec beaucoup d’effort, nous obtenons une nouvelle accréditation environnementale, qui est la R2. Elle permet également de renouveler notre accréditation canadienne ARPE. La R2 est sensiblement la même chose que ARPE, mais elle est reconnue mondialement. Je me disais que nous étions rendus dans les ligues majeures. Un nouvel employé à un tout nouveau poste joint notre équipe de Cartoucheux. Nous avons maintenant un directeur des opérations et de la logistique. Ha oui et dans tous ces changements, j’allais presqu’oublier que je deviens père pour la 2e fois avec notre petite Pénélope.
Septembre 2017
Je fais le choix de remplacer mon responsable RH traditionnel par une nouvelle personne qui allait avoir le titre de responsable talent et culture. Nous avions un trop haut taux de roulement pour les postes en entrepôt et mon pari était que si nous accordions 80% d’efforts à la culture d’entreprise et 20% au RH traditionnel plutôt que l’inverse, les Cartoucheux seraient plus heureux de l’ambiance au travail. Donc, au final, on n’aura plus besoin de dépenser autant d’énergie sur le recrutement.
Sofia, notre chargée de projet indienne quitte Montréal et retourne dans son pays. C’est un peu prématuré finalement, car Agora n’est pas sur la coche et comme on pourrait le dire, on galère plus que prévu.
Octobre 2017
Pour ajouter un peu de poids sur les fonctionnalités de notre ERP qui ne sont pas encore comme nous l’espérions. Les ventes sont excellentes et bien au-dessus de la moyenne des 12 derniers mois. Je vais pour la première fois au Remax World Expo en Chine, tout près de Hong Kong. Il y a 450 exposants et 15 000 visiteurs. C’est un très gros show et on parle juste de cartouches d’encre, d’imprimantes ou d’impression 3D.
Novembre 2017
Une baisse des ventes commence à se faire sentir suite à la perte de Amazon et des changements de règles sur eBay qui représente une portion importante de nos ventes. C’est notre plus petit mois de ventes à vie et quelques employés sont remerciés. J’ai pris la décision de quitter mon club au Groupement des chefs d’entreprises du Qc avec qui j’étais depuis 2010. J’ai pu joindre un nouveau club avec lequel je devrai sortir de ma zone de confort et pousser plus loin les challenges de mes nouveaux défis.
Décembre 2017
C’est pas mieux pantoute, mais au moins c’est Noël et je décide de prendre 1 semaine de vacances après 1 an et demi. Et c’étaient des vraies vacances, car j’avais bloqué ma boite courriel en mettant un message d’absence qui mentionnait que non seulement je n’avais pas accès à mes courriels, mais qu’en plus, le message qui a été envoyé a été bloqué, je ne le recevrai jamais et je reviendrai le 2 janvier 2018. C’était un peu osé, mais ça m’a fait le plus gros bien. Normalement, même en congé, je regarde mon cellulaire presque toutes les 10 minutes pour prendre mes courriels. C’est stupide mais c’est sûrement un des symptômes de la maladie d’entrepreneur!
J’ai réalisé que sans email professionnel à traiter, je n’avais eu besoin de recharger mon cellulaire seulement 2 fois de toute la période des vacances. Même mon cell a rechargé ses batteries comme on dit.
Janvier 2018
Je débute l’année très bien reposé, mais on ne vend toujours pas sur Amazon. Je pensais que notre pénalité allait un jour se terminer. Et non, il faut faire ce qu’on appelle du FBA pour regagner notre privilège de pouvoir vendre de notre propre entrepôt. On travaille à trouver des produits pour vendre sur FBA. Vous vous rappelez qu’en septembre j’avais pris la décision d’une nouvelle façon de voir la gestion des RH dans l’entreprise? Et bien c’est le 3 janvier que débute notre nouvelle responsable du talent et de la culture. J’ai eu un coup de cœur durant une entrevue qui a duré un peu plus de 3h. C’était la plus longue entrevue de ma vie. Mais elle en valait la peine!
Février 2018
C’est de loin mon mois préféré car avec ces que 28 jours, c’est souvent un mois avec peu de vente. Comme nos ventes ne sont pas à leur sommet, février ne nous épargnent pas et on ne l’inscrira pas dans nos meilleurs mois de l’année.
Mars 2018
Cela fait maintenant un an que j’ai racheté mon associé. Cela fait également un an que je poursuis mon parcours à l’École d’entrepreneurship de Beauce. J’y ai rencontré plusieurs personnes qui vont certainement façonner chacun à leur manière mon parcours entrepreneurial. J’y ai même rencontré mon premier mentor, avec qui je viens tout juste de débuter cette relation.
Nous avons même présenté un nouveau logo aux Cartoucheux. La réponse est bonne et ce nouveau logo vous sera présenté très bientôt dans notre nouvelle vidéo corporative.
Il a été digéré en seulement 12 mois :
- Changement de l’équipe de direction;
- Une accréditation syndicale;
- Implantation d’un ERP;
- Changement de nomenclature des items d’inventaires;
- Baisse des ventes par une suspension de nos comptes Amazon;
- Un 2e bébé (ça raccourci les journées ça).
Conclusion
Ces derniers 365 jours ont été parmi les plus « nouveaux » depuis la création de Cartouches Certifiées en 2006. Je me suis senti comme si j’étais revenu à l’étape de startup où tout était à faire. Alors pourquoi avoir pris la voie la plus dure? Je cherche encore la réponse, mais en attendant, rappelez-vous qu’en ce 1er avril, ça ne fait pas que 365 jours que je suis le seul actionnaire d’une entreprise de 80 employés…c’est aussi une belle occasion de vous faire un beau Poisson d’Avril!
Vous ne pensiez quand même pas que j’allais jeter la serviette pour vrai? C’est mal me connaitre, car je suis un compétitif à l’extrême. Avant je disais « maladif », mais mon nouveau mentor trouve que ça sonne un peu dérangé. Il n’a pas tort du tout et ça ne sera pas sa seule contribution dans mon parcours. Il arrive à un bon moment pour me crinquer, car dans cette 2e année en tant qu’unique actionnaire, je vous annonce que Cartouches Certifiées prend toutes les actions nécessaires pour devenir le numéro 1. Je serais inquiet si j’étais un compétiteur en train de lire cette dernière phrase, car vos clients vont vouloir faire affaire avec nous pour tout ce qui nous différencie des autres compagnies qui vendent des cartouches d’encre. L’ensemble de notre offre ne se limitera pas qu’à vendre un produit comme une cartouche. C’est trop plate ça et tout le monde le fait déjà. Nous allons nous démarquer en offrant une expérience client et des initiatives que personne n’a encore offert.
C’est vrai que je ne dors plus vraiment et que je vis un stress que je n’avais jamais connu encore, mais j’y crois et je suis convaincu par notre modèle d’affaires. Je ne vois pas les jours passer. Je suis content de la nouvelle équipe de Cartoucheux qui est pas mal différente de celle d’il y a un an. Nous avons changé tellement de choses dans cette dernière année, que le plus difficile est digéré et derrière nous. Les Cartoucheux sont en mode 3.0. Nous avons repensé notre image par de nouveaux logos, nous refaisons notre site internet avec l’intention d’accroître notre présence dans tout le Canada et même aux États-Unis. Nous ne serons plus dépendants de eBay et d’Amazon. Le bateau est en train de tourner, il se prépare tranquillement à accélérer et regardez-le bien aller. Les Cartoucheux mettent la gomme tous ensemble.
Nommez-moi une compagnie hot à ce jour qui n’a jamais eu de difficulté dans son parcours? Chaque difficulté majeure correspond un point tournant. Dans notre cas, c’est assez majeur, alors j’ose croire que nous sommes à ce point tournant nous aussi.
On va la devenir cette Entreprise du Bonheur. Notre culture sera tellement débile que nous recevrons des CV pour des postes qui ne seront même pas encore affichés. C’est ça mon objectif et c’est pour ça que je me lève tous les matins pour affronter des défis qui ne sont même pas en lien avec la productivité, les ventes ou la rentabilité. La rentabilité ce n’est pas un objectif, c’est une conséquence. Et vous êtes les bienvenus à y participer en achetant vos fournitures d’impression chez nous et en conservant vos cartouches d’encre vides pour que nous puissions les récupérer. Saviez-vous que plus de 2 millions de cartouches d’encre vides ont été manipulées par les Cartoucheux l’an dernier!
Matthieu Laroche
Président de Cartouches Certifiées
Très inspirant Mathieu, beau travail.
« La rentabilité ce n’est pas un objectif, c’est une conséquence »
Quand l’objectif est le bien-être de ses employés, la rentabilité est une conséquence naturelle. Bien pensé Mathieu Laroche